LA CANNE DE PROVENCE
"La canne de Provence » est le nom qu'on me donne !"
J'ondule, nonchalante, au milieu de mes soeurs
Les pieds nus dans la ronce ignorant mes douleurs
Voilà longtemps déjà que l'homme m'abandonne…
Or l'on me convoitait, jadis, comme personne !
Pour un toit de canisse on vantait mes douceurs
Et pour l'anche fragile aux instruments joueurs
Il fallait me chérir du printemps à l'automne !
Ô le vent dans mon dos ! Ô le coeur de la mer !
Qui vire et me chavire et pour autant me berce,
Que l'effluve du sel me grise à tout jamais !
Si ce lointain passé me laisse un goût amer,
Je veux lui pardonner. Le corps à la renverse,
Je garde en souvenir ce pays que j'aimais.